lundi 3 avril 2017

13 Reasons Why : une série nécessaire

Le suicide est la troisième cause de mortalité chez les 10-19 ans selon l'OMS. C'est un sujet extrêmement délicat et c'est le thème principal de 13 Reasons Why, la série Netflix sortie vendredi.

Hannah Baker s'est suicidée. Clay, son ami, reçoit des cassettes enregistrées par la jeune fille avant qu'elle ne mette fin à ses jours. Elle y explique les raisons de son suicide.
13 Reasons Why c'est avant tout un livre de Jay Asher. Je l'ai lu il y a deux-trois ans. Il m'avait touchée mais je vous conseille plutôt la série. Le format permet une meilleure construction de l'histoire, les personnages et les relations entre eux sont aussi plusmieux développés. La série a quelques défauts mais peu importe : elle est à voir. Le suicide y est bien traité et l'histoire d'Hannah est réaliste. Les ados, sans être aussi malheureux qu'elle, pourront se reconnaître dans son mal-être profond

Ce n'est pas un scoop : l'adolescence n'est pas une période tendre. La série, en plus du suicide, décrit avec justesse, intelligence et sans tabou de nombreuses problématiques pas toujours assez prises au sérieux (harcèlement, agression sexuelle, slut shaming, dépression, rumeurs, indifférence,...) dont il est urgent de parler. Il faut savoir que l'équipe a fait appel à des psychologues pour l'écriture et le tournage d'où le côté réaliste de la série qui est bouleversant (à ce propos je vous conseille le petit "documentaire" 13 Reasons Why : Au-delà des raisons).

J'ai pu lire, dans certaines critiques, que les raisons qui ont poussé Hannah au suicide n'étaient pas valables. Lorsque je lis ce genre de réflexion, je me dis que c'est bien pour ça que cette série est nécessaire. On a tendance à minimiser la souffrance des ados et il est temps que ça s'arrête. Si les langues commencent doucement à se délier, combien d'ados se détruisent encore en silence ? Combien cachent leur souffrance au quotidien ? Le sujet est encore tabou. Je suis convaincue que la série peut sensibiliser un large public, qu'elle est un bon moyen de prévention. C'est le genre de séries qu'on devrait montrer dans les école, dont on devrait parler. J'espère qu'elle ouvrira les yeux à certains jeunes et à certains adultes. Le cas d'Hannah est certes une fiction mais elle illustre bien l'effet boule de neige... Certaines raisons, prises séparément, peuvent sembler anodines et sans importance mais l'accumulation fait mal et les conséquences peuvent être dramatiques... Pour moi, si la série ouvre au dialogue, elle est déjà utile. Elle peut être une porte d'entrée pour aborder la notion de consentement ou éduquer les jeunes aux médias. Peu d'adolescents et d'adultes savent comment réagir face au harcèlement scolaire mais des solutions existent et pour moi tout commence par le dialogue. L'éucation commence par le débat.


On ne peut pas être indifférent devant 13 Reasons Why. Pour ma part, je me sens triste et en colère même avec du recul. Je me suis sentie impuissante pour Hannah. Emotionnellement, la série est vraiment intense. Il y a des scènes très dures (j'ai eu du mal à ne pas détourner le regard) mais représentatives de ce que peut être la réalité. Si un jour ça devait arriver à quelqu'un de mon entourage, j'espère être capable de l'aider. En lui tendant la main et en la soutenant. En l'écoutant avec bienveillance. En ne minimisant pas ce qu'il vit. En cherchant des solutions, ensemble. Parce que la série est porteuse de ce genre de messages : on peut tous faire plus attention. On peut prendre soin les uns des autres et réfléchir deux fois plutôt qu'une à la portée de nos propres actions.
Comme le dit Clay : "Il faut que ça s'améliore. La manière dont on se traite les uns les autres et dont on veille les uns sur les autres. Il faut vraiment que ça s'améliore."

Il y a des films, des séries que j’aurais voulu voir quand j’étais ado. 13 Reasons Why en fait définitivement partie. J'espère qu'elle sera vue, montrée et débattue.